Tout le monde connaît les
cerises, qui évoquent le retour des beaux jours, et moins bien le
cerisier (qui n'est pas rose, mais blanc ou, plutôt, chargé au printemps
de fleurs blanches). Pour les botanistes, le genre Cerasus (dû à
l'invention de quelques rares auteurs) n'est qu'une section du genre Prunus
(les pruniers), section certes bien définie par ses fleurs à longs pédicelles. |
On distingue: Prunus avium, le cerisier des oiseaux ou merisier, Prunus cerasus, le cerisier
proprement dit, Prunus mahaleb, le bois de Sainte-Lucie, ainsi nommé
parce qu'on le rencontre dans les Vosges, près du monastère franciscain
de Sainte-Lucie, ou faux merisier, aux fruits amers et petits. Le
laurier-cerise n'est pas un cerisier mais c'est encore un Prunus,
dont les fruits rappellent les cerises. Rappelons que pruniers, cerisiers,
pommiers, etc., font partie de la famille des rosacées, dont le type est
le rosier. L'origine des deux espèces à fruits comestibles est contestée;
il est possible que le merisier soit indigène. Elles ont été croisées
et greffées l'une sur l'autre, ou encore sur le cerisier de Sainte-Lucie.
Les horticulteurs distinguent généralement quatre grandes variétés de
cerises: les cerises proprement dites et les griottes proviennent de Prunus
cerasus; les guignes et les bigarreaux proviennent du merisier. Si
les cerises et les bigarreaux sont le plus souvent mangés crus, les
griottes sont réputées en confiture ou macérées dans de l'eau-de-vie.
On tire encore des cerises le kirsch et le marasquin. |
L'arbre lui-même est peu exigeant. Il produit aisément de la gomme, et
c'est un plaisir enfantin que de fabriquer de la colle en dissolvant cette
sécrétion; un excès de gomme peut être nuisible à l'arbre, surtout
dans les pays humides, car elle sert alors de bouillon de culture pour des
bactéries et même pour des champignons. Les fruits eux-mêmes
connaissent un ennemi assez redoutable en la mouche des cerises, dont le
ver se développe près du noyau; les traitements par insecticides
aboutissent trop souvent à des excès. |
Le bois des cerisiers est très beau; il se polit très bien; son grand défaut
est d'être peu durable, même quand les pièces ne sont pas exposées aux
intempéries. Notons que les espèces végétales ne portent pas le même
nom en ébénisterie et en horticulture. Le merisier des pipes, par
exemple, ne provient pas de Prunus avium, mais bien de Prunus
mahaleb, le bois de Sainte-Lucie, dont la qualité est nettement supérieure. |
Enfin, les cerisiers à fleurs doubles, originaires de l'Orient, sont très
ornementaux. La beauté des paysages japonais tient notamment à
l'abondance des cerisiers, qui ont inspiré de nombreux peintres. |
Promenades et intérieurs. François Coppée